Le terme «
agroécologie » fait référence à 3 acceptions : selon l'usage, il peut désigner une discipline scientifique, un mouvement social ou un ensemble de pratiques agricoles (on parle souvent dans ce dernier cas de pratiques et d'infrastructures agroécologiques). Dans le monde, ces trois facettes s'expriment en interaction les unes avec les autres avec des modalités qui diffèrent selon les aires géographiques.
Le terme a été utilisé pour la première fois en 1928 par Basil Bensin, un agronome américain d’origine russe
. Les racines de l’agroécologie comme science sont principalement issues de l’agronomie et de l’écologie mais ces dernières années elle a aussi mobilisé très largement toutes les sciences sociales.
En 1995, Miguel Altieri (en)
professeur à l’Université de Berkeley en donne la définition suivante : « L'agroécologie est la science de la gestion des ressources naturelles au bénéfice des plus démunis confrontés à un environnement défavorable ».
L'agroécologie est aujourd'hui officiellement portée par des réseaux comme La Via Campesina (200 millions de paysans sur tous les continents), pratiquée par un nombre vraisemblablement aussi important d'agriculteurs à petite échelle dans le monde entier, parfois depuis plusieurs millénaires et enfin appréhendée explicitement ou implicitement comme science par un nombre croissant d'enseignants-chercheurs à travers des équipes de recherche, laboratoires, importantes revues à comité de lecture (Agroecology and sustainable food systems, The journal of peasant studies, ...). En raison des modèles de production et de développement qu'elle sous-tend, il pèse sur elle d'importantes tensions et tentatives de travestissement sémantiques, notamment par les tenants de l'agriculture industrielle à travers de nombreuses institutions publiques et organisations privées pour en neutraliser son caractère subversif en la réduisant à un simple verdissement de l'agriculture industrielle ou en l'assimilant à d'autres notions comme l'Agriculture écologiquement intensive.
En Europe, l'agroécologie pourrait être progressivement encouragée par la conditionnalité des aides compensatrices PAC qui a évolué vers une «
Écoconditionnalité », aides versées sous réserve du respect de
bonnes conditions agricoles et environnementales. Pour C. Dupraz l'agriculture pourrait évoluer à moyen ou long terme en passant d'une logique d'exploitation du sol et d'autres ressources naturelles à une logique de
gestion d’écosystèmes cultivés .L'agroécologie comme mouvement
Le « mouvement de l'agroécologie » est intimement lié à la pratique agroécologique de terrain, puisque le mouvement s'enracine dans les pratiques "locales" et que les pratiques prennent du sens dans un mouvement global. En effet, les tenants de l'agroécologie se défendent d'une approche uniquement technique ou techniciste ; ils prônent une approche globale (holistique), la reconnaissance des savoirs et savoir-faire paysans, et une valorisation des synergies et de la diversité (utilisation respectueuse des ressources offertes localement par la nature, via le biomimétisme éventuellement, c'est-à-dire en "copiant" la nature pour ce qui concerne les processus intéressants pour l'agriculture).
La démarche vise à (ré)associer ou (ré)concilier le développement agricole à la protection de l’environnement et à la biodiversité (sauvage et domestique) ; en passant par des opérations de renaturation le cas échéant.
Il s'agit souvent aussi de faire évoluer une agriculture à orientation quantitative vers une agriculture plus qualitative, ce qui implique un changement de buts et de moyens. Une dimension de commerce de proximité est souvent présente.
Le mouvement pour l'agroécologie ne peut aujourd'hui être cité sans faire référence au mouvement "jumeau" de la souveraineté alimentaire. Martinez-Torres et Rosset (2014) indiquent en s'appuyant sur l'activité de La Via Campesina que l'agroécologie et la souveraineté alimentaire n'ont pas de sens l'un sans l'autre. L'argument avancé est que l'agroécologie systémique est vouée à l'échec si elle ne prend pas en considération et ne se met pas au service des dimensions et revendications humaines portées par le mouvement de la souveraineté alimentaire.